Un travail épanouissant serait la clé de la motivation ? Trouver du sens, réenchanter le travail...
On entend ça partout. Et cette idée que les jeunes ne veulent plus travailler ? De belles théories. Et souvent, de belles illusions.
Un jour, mon patron, le créateur de l’entreprise, m’a lancé :– "Il faudrait motiver les salariés pour améliorer la production."Il espérait une solution miracle : un truc RH, une astuce psychologique, la recette des meilleurs experts. Mais je n’avais ni formule magique ni science infuse.
Alors, je suis allé demander à la source : un ouvrier posté sur machine, répétant les mêmes gestes sept heures par jour. Sa réponse ? Franche et implacable :
– "Monsieur, avec tout le respect que je vous dois, je travaille pour nourrir ma famille. La motivation, ici ? Je n’en vois pas trop. Mais merci de poser la question, peut-être que ça va changer."
Il m’a souri. Et pour moi tout s’est éclairé. L’illusion du travail "épanouissant" ! Non, tout le monde ne travaille pas pour "se réaliser". Pour beaucoup, c’est avant tout un moyen de survie et l’épanouissement c’est à l’extérieur que cela se passe. Exiger qu’ils se passionnent pour une tâche répétitive, souvent mal payée, sans reconnaissance, c’est leur mentir. Un salarié payé au SMIC, qui exécute les mêmes gestes toute la journée, ne sera pas plus motivé par l’installation d’un baby-foot en salle de pause ou une formation sur "la confiance en soi". La vraie solution ? Reconnaissance et perspectives Motiver, c’est être concret. Offrir des raisons tangibles de s’investir :
• Une rémunération justeL’argent ne fait pas tout, mais prétendre qu’il n’a aucune importance, c’est hypocrite.
• Des perspectives d’évolution : sans horizon d’évolution, le travail devient absurde, comme ramer sans jamais voir la rive. Et évoluer, ce n’est pas seulement monter en grade : c’est aussi donner au salarié la possibilité d’améliorer ses conditions de travail, de faire des propositions d’atteindre une forme d’autonomie.
• De la reconnaissance ; dire merci, valoriser les efforts, donner du sens par des actions, pas par des discours creux.
C’est un geste simple :
aller saluer chaque équipe chaque jour,
afficher la performance individuelle d’un poste ("ici, j’emballe 200 pièces par jour").
La motivation ne se décrète pas Un dirigeant doit se poser cette question : "Pourquoi mes salariés voudraient-ils s’investir ?" Ni prime ponctuelle ni vidéo inspirante ne suffiront.
Ce qui motive, c’est :
• Le respect
• L’écoute
• Des conditions de travail dignes.
• La reconnaissance d’une expertise
• Leur utilité dans l'écosystème
Ce jour-là, j’ai compris. Cet homme, par sa sincérité, m’a révélé l’essence même de mon rôle de manager. Finies les illusions. Ma mission ? Construire du concret, chaque jour, avec eux, pour eux mais surtout en les impliquant et en les responsabilisant.